| Delphine Fleury - 27/10/2001 |
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Un voyage original entre les îles polynésiennes |
Au départ, une drôle d'idée : parcourir les Tuamotu en kayak. C'est à bord de cette embarcation au ras de l'eau, et à la force de ses bras que Karine Huet souhaite aborder les îles Polynésiennes. Un voyage d'atolls en motu fait de rencontres, de haltes paisibles et d'éreintantes traversées. Le récit, plein de verve, est d'autant plus intéressant qu'il ne cache ni les sautes d'humeur, ni les imprévus et déceptions qu'une telle aventure peut susciter. |
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De son enfance polynésienne, Karin a gardé le goût d'une vie en lien étroit avec la nature. C'est pour vivre ce voyage "à même la mer" qu'elle a choisi le kayak. Un bateau minimal, qui colle à la peau. Qui lui permet de visiter les moindres recoins d'un atoll ou d'un motu, à fleur d'eau, à toucher le sable, à trois noeuds de moyenne. Ce périple de cinq mois longuement mûri et étudié, elle le partage avec Roger, rencontré trois ans plus tôt alors qu'elle pagayait en solo le long de la côte de la Bretagne Nord.
Dès son arrivée sur l'île de Makemo, point de départ du périple, Karin prend la mesure de ce qui l'attend. Son projet est sur le point de prendre corps, et elle a le trac. Elle se lance finalement, accompagnée de son ami – garde du corps Roger. Ce voyage au coeur des Tuamotu sera ponctué de mille rencontres, qui sont toujours pour Karin l'occasion de brosser de vifs portraits. La voyageuse se fait ethnologue, nous relatant les histoires de familles, les rivalités de voisinage. Elle et Roger partagent bien souvent les repas et le travail des îliens croisés en chemin. Ils participent à la fabrication du coprah, se livrent quotidiennement à la pêche, regardent travailler les gens dans les fermes perlières, et dorment à la belle étoile. Le tout, bien sûr, dans des paysages de rêve.
Pourtant, cet enrichissant voyage n'a rien d'idyllique. Chaque traversée d'un atoll à l'autre – il y en aura sept – est une épreuve. Le trac avant, la peur pendant, la fatigue après. Sans compter les soucis gastriques de l'un, le mal de mer de l'autre, les requins qui rôdent, la difficulté de trouver les passes, le vent, les vagues et le courant qui s'en mêlent.
Et tout ceci ne serait pas grand-chose si l'harmonie était au rendez-vous. Mais, Karin s'en aperçoit bien vite, Roger n'est pas sur la même longueur d'onde. Elle qui mène la danse sur ce voyage composé en solo est tantôt rassurée par sa présence, et tantôt exaspérée, déçue par leur manque de connivence. Elle ne nous épargne donc pas les moments d'énervement, les coups de gueule et les coups de cafard.
Le tout est raconté dans un style direct, simple et incisif. Avec un insolite recul, Karin mesure à chaque étape, à chaque épreuve, la réalité de ce voyage à l'aune de l'idée qu'elle s'en était faite. A méditer avant d'entreprendre une aventure de ce genre...
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